Bonjour,
Vous trouverez ci joint laréalisé par Marie ABDALI (Coordinatrice Protection sociale à la CFTC)
Voici un bref compte rendu
:

Contexte et enjeux de la loi de 2005
La loi du 11 février 2005, pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, a marqué un tournant en matière d’inclusion. Elle a introduit des avancées majeures, notamment :
• Une définition élargie du handicap, incluant les handicaps psychiques et cognitifs.
• Le droit à compensation pour couvrir les surcoûts liés au handicap (aide humaine, technique, etc.).
• Une obligation d’accessibilité universelle dans tous les domaines (transports, bâtiments, numérique, éducation).
• Un renforcement de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH) avec un objectif de 6%.
• La mise en place des Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) comme guichet unique d’accès aux droits.
• Un droit renforcé à la scolarisation en milieu ordinaire, avec des aides spécifiques comme les AESH (Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap).

Un bilan mitigé après 20 ans
Malgré ces avancées, de nombreuses promesses restent non tenues :
• L’accessibilité universelle est loin d’être atteinte. De nombreux établissements recevant du public (ERP) et infrastructures restent inadaptés.
• L’insertion professionnelle reste difficile : le taux de chômage des travailleurs handicapés est deux fois supérieur à la moyenne nationale.
• La Prestation de Compensation du Handicap (PCH) montre des limites : manque de couverture pour certains besoins, inégalités territoriales dans son attribution.
• L’école inclusive progresse, mais le système reste complexe et insuffisamment financé (précarité des AESH, manque de formations adaptées).
• Les discriminations persistent, avec le handicap comme première cause de saisine de la Défenseure des Droits depuis 7 ans.
Accessibilité : un retard considérable
• La loi de 2005 avait fixé des échéances (2015 pour les ERP et transports publics).
• Aujourd’hui, seuls 900 000 ERP sont accessibles sur 2 millions.
• Le transport reste un défi : seulement 35 à 40% des points d’arrêts sont conformes.
• La législation a multiplié les dérogations, ralentissant les progrès.
L’emploi des travailleurs handicapés : une obligation trop peu respectée
• L’objectif d’emploi de 6% est rarement atteint, avec un taux réel autour de 3,5% dans le privé et 5,6% dans le public.
• La loi de 2018 a renforcé l’OETH, mais les employeurs privilégient encore les contributions financières plutôt que le recrutement direct.
• La précarité des travailleurs handicapés reste forte, avec des parcours professionnels fragmentés.
Faut-il une nouvelle loi ?
Le gouvernement a initié en 2025 une consultation pour une nouvelle loi sur le handicap. Mais pour la CFTC, le problème n’est pas le manque de lois, mais leur application.
• Plutôt que de nouvelles promesses, la priorité doit être l’application stricte des obligations existantes.
• Il faut des sanctions dissuasives contre les acteurs (entreprises, collectivités, ERP) ne respectant pas leurs obligations.
• La CFTC milite pour une harmonisation des pratiques entre départements pour éviter les inégalités d’accès aux aides.
Les revendications de la CFTC
• Rendre réellement effective l’accessibilité universelle, en supprimant les dérogations abusives et en imposant des sanctions.
• Valoriser l’emploi des personnes handicapées en appliquant strictement l’OETH et en accompagnant mieux les entreprises.
• Assurer une revalorisation de la PCH, pour couvrir l’ensemble des besoins et éviter les inégalités territoriales.
• Garantir un accès effectif à l’éducation, avec des moyens accrus pour les AESH et une stabilisation de leurs conditions de travail.
• Créer un revenu minimum d’existence, au moins égal au seuil de pauvreté, pour les personnes ne pouvant travailler.
Conclusion
20 ans après, le bilan de la loi de 2005 est contrasté : elle a permis des avancées, mais les résultats restent insuffisants.
• Les infrastructures ne sont toujours pas accessibles.
• Les travailleurs handicapés font toujours face à des discriminations.
• Les dispositifs d’aides sont trop complexes et inégalitaires.
La CFTC appelle à une action ferme et immédiate, non pas pour créer une nouvelle loi, mais pour enfin faire appliquer les engagements pris en 2005.